Zoom sur la notion de « Climat », 3ème partie

1ère partie

2ème partie

Voici la 3ème partie du texte de Bernard Hudelot, sur l'histoire et la notion de « Climat » en Bourgogne.

Par Bernard Hudelot :

Cette deuxième période est tellement froide, que « les Climats », lieux bien abrités, subissent des variations climatiques annuelles très importantes ; ainsi apparaît la notion de « Millésime ». Il y aura les grands et les petits millésimes. C’est cette grande diversité de variations météorologiques, due d’une part aux lieux-dits, et d’autre part, au climat de l’année qui fera la richesse unique des vins. Cette grande richesse n’a pas disparu, les variations de millésimes et de « Climats » sont encore bien présentes, mais soyons vigilants de ne pas les laisser gommer par une technologie moderne avide de résultats financiers immédiats, qui uniformise tout….

           

Comme nous revenons actuellement à la période chaude, il serait à mon sens judicieux d’examiner l’évolution de notre vignoble à la première période chaude située entre le 5ème et le 14ème siècle.

A cette époque, le Pinot Noir est très certainement allé chercher la fraîcheur plus en altitude (100 à 150 m), ou sur le déversoir du plateau de Langres, et le Gamay se serait plus développé en partie basse.

On trouve ainsi à cette époque le vignoble de Dijon, puis celui de Vergy.

 

Historiquement, la butte de Vergy a été choisie pour sa configuration topographique bien adaptée à la défense. Mais on peut aisément comprendre qu’en raison du climat chaud, les Chanoines de St Denis, prieurs des seigneurs de Vergy, y aient installé leur vignoble de vins blancs à Villars sous Vergy, dans le Jurassique supérieur, où il reste aujourd’hui, en parfait état, les bâtiments d’exploitation, les caves et la chapelle de cette époque. Alors qu’ils avaient installé leur vignoble de vins rouges à Morey St Denis, situé à 4 km dans le jurassique moyen, où ils avaient fait des « Clos » (« Clos st Denis »), très certainement à cause du vent, en début de la seconde période froide, si on suit le raisonnement. Une observation supplémentaire est que les habitants de Villars sous Vergy et ceux de Morey St Denis s’appellent aujourd’hui encore les « Loups ».

Cette région de Vergy devait être si riche par la qualité de ses vins, de ses cultures agraires, et de sa forteresse, qu’Eudes III, Duc de Bourgogne, a épousé, en 1199, Alix de Vergy, fille d’un riche seigneur de Vergy, et Vergy fût la possession des Ducs de Bourgogne, pendant plus de 2 siècles.

C’est en 1608, à la période froide, que la forteresse a été démolie sans doute à cause de pertes agricoles fondamentales, qui étaient produites auparavant pendant la période chaude.

9 ans plus tard, en 1617, les Chanoines de St Denis vendent, à Marc Antoine de la Tour, la Seigneurie de Villars qu’il transformera en Château. Les Chanoines descendent à Nuits sous Beaune en partie basse et construisent des caves, et l’église St Denis. On suppose qu’ils ont cherché de nouvelles terres, aux climats plus propices à la culture de la vigne, en raison du refroidissement.

Aujourd’hui, le balancier thermique revient et l’on peut constater, que les « Climats » en altitude, ou moins protégés des vents froids, produisent des vins de grande qualité, qui rivalisent sans complexe avec ceux issus des parties basses. 

 

Pour ceux qui n’auraient pas suivi, Le Château de Villars-Fontaine de Bernard Hudelot, est un domaine situé près de la Butte de Vergy en Côte de Nuits. Une partie de ses vins sont produits en appellation Hautes Côtes de Nuits ; à l’aveugle ses vins peuvent dépasser,et  être mieux notés que des vins Grands Crus, ainsi on constate que la classification de l’INAO n’a que peu de sens, face à ce type de cas, sans oublier que certains de ses Gamay sont pris pour des Pinot noir, et là aussi, il prouve que le Gamay n’est pas un petit cépage, qui mérite l’image « peu qualitative » qu’il subit généralement auprès du public.

Bref, à l’heure du réchauffement climatique, certains « Climats » jugés qualitatifs ne réunissent plus les facteurs nécessaires à la production de vins d’exception, et même si cela se boit, pour avoir déjà dit qu’un vin régional bien fait, peut être meilleur qu’un grand cru mal fait, je maintiens qu’une étiquette ne suffit pas pour définir ce qu’est un vin de grande qualité. L’INAO a déterminée un système de classification, de production et de contrôle, qui peut largement être remis en question, pour différentes raisons que je vous communique à travers mes articles.

  

Bonne journée

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