Il y a boire et boire...

On utilise le verbe boire intransitivement, en sous entendant « vin » ou « alcool », comme si c’était le seul type de boisson pensable ; on dit d’un ivrogne qu’il aime boire, qu’il boit. Et s’il boit sa paye, son bénéfice ou son fonds, il va de soi qu’il ne les dépense pas pour de l’eau minérale.

Diverses expressions qualifient des manières de boire excessivement : « boire à ventre déboutonné ; boire comme un trou, un seau, un puits, une outre, une carpe, un oison ; ou bien boire comme un sonneur de cloches, comme un chantre (parce qu’il « entonne »), comme un musicien (parce qu’il siffle, il fifre, il flûte) »…

Ce verbe forme aussi quelques expressions désignant la qualité du vin. En ancien français on disait « bevant » pour un vin agréable à boire : « sade, bevant et plain et gros » de Jean Bodel ; « fort, et net et clair et bevant » de Baudouin de Condé.

Au 17ème siècle, l’expression « qui se laisse boire » était utilisée pour les vins moyens, agréables mais non remarquable…

Il existe également toute une littérature gastronomique qui donne des conseils sur les manières de boire en mangeant.

Et parfois on opposa aussi le boire et le manger :

Extrait de Vaux de Vire d’Olivier Basselin

«  Adam, c’est chose très notoire,

Ne nous eût mis en tel danger,

Si au lieu du fatal manger

Il se fût plutôt mis à boire.

C’est la cause pourquoi j’évite

D’être sur le manger gourmand. »

Jean de Malestroit rapporte dans les vins de Loire, les propos d’un vigneron nantais, goutant successivement un excellent Gros Plant et une piquette : « Pour bouëre en mangeant, i’aime bé celle-là… mais pour bouëre en buvant, i’aime mieux l’autre ! ».

A petit manger, bien boire (académie 1835 et Littré) : « on compense par la boisson ce qui manque au manger ».

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