2 Mai 2015
Mondovino soulève plusieurs questions…
Faire du vin technologique permet de vendre,
Comment inciter les vignerons à faire des vins de terroir s’ils ne les vendent pas ?
Les vins technologiques sont rapidement consommables ; Comment inciter les vignerons à faire des vins de garde, quand plus personne ne veut les attendre ?
Les vins technologiques sont techniquement parfaits,
Comment expliquer aux consommateurs qu’un vin de terroir n’est pas techniquement parfait, et que la qualité d’un vin ne se situe pas à ce niveau ?
L’aspect gustatif des vins technologiques est accessible à tous,
Comment expliquer aux vignerons, que rechercher l’unanimité en amputant une partie de soi, au nom des lois du marché, c’est vendre son âme au diable ?
Le goût des vins technologiques est infantile,
Comment proposer des vins adultes pour adultes à une société en constante régression, assistée, déresponsabilisée, infantilisée ?
Personnellement, je suis inquiète de l’avenir du vin.
J’ai l’impression que nous avons perdu une partie de nous-mêmes, je regarde ce qui se passe impuissante.
Je suis contre les vins technologiques, standardisés au goût globalisé, mais je me rends bien compte qu’un vigneron qui n’aurait pas les moyens de résister aux lois du marché, cède automatiquement à ceux qui ont le pouvoir. Je suis bien placée pour savoir que nager à contre-courant n’est pas chose aisée. Cela exige du courage, de la volonté mais aussi le choix, et parfois la vie ne nous permet pas de choisir en accord avec ce que l’on est profondément. Notre société nous aseptise, nous perdons chaque jour un peu plus de notre individualité, en uniformisant nos goûts, nos besoins, nos rêves…
Où et quand affirmons-nous notre expression-propre ?
Nous avons tous notre responsabilité envers les conséquences qui se profilent, que l’on soit producteurs, intermédiaires ou consommateurs.
Les vignerons qui font du vin technologique ne l’assument pas comme tel, premier mensonge, les intermédiaires du vin ne les vendent pas comme tel, deuxième mensonge et les consommateurs ne les choisissent pas comme tel, troisième mensonge. Si j’aime les vins technologiques et j’en ai le droit, pourquoi ne puis-je pas parler à un professionnel en lui disant : « conseillez-moi un vin technologique », après tout faut être ouvert ! Mais personne n’en parle, personne ne le crie sur les toits. Alors est ce positif ou non de faire des vins technologiques ?
J’appelle à une prise de conscience, si le monde du vin doit prendre cette direction de manière définitive, pourquoi pas, sans doute la majorité fait loi, mais que chacun assume de nous y emmener surement. Si c’est si bien que ça de faire du vin technologique, pourquoi ne l’affirmons-nous pas ? Pourquoi ne le revendiquons-nous pas ? Pourquoi n’est-ce pas un critère de commercialisation ? Du genre, Goûtez mon vin technologique, je vous garantie la perfection ! Satisfait ou remboursé ! C’est cette incohérence qui me choque, me révolte, les vins technologiques sont une réalité, diffusée à grande échelle et chaque participant nie de participer à cette influence de masse, c’est quand même gonfler non ? Ces producteurs qui font des vins technologiques sont même capables de vous dire qu’ils font du « bio », voire que leurs vins sont des vins de terroirs, c’est fantastique, incroyable même !
Abuser de l’ignorance, que ce soit des acheteurs « intermédiaires » ou acheteurs consommateurs est fort simple, beaucoup plus que de les amener à la connaissance, afin qu’il puisse être autonome, critique, indépendant pour faire leurs choix.
Et en ne dénonçant pas cet état de faits, nous laissons faire et participons tous à notre niveau à la destruction de notre savoir-faire, de notre patrimoine, de notre identité, bientôt nous ne saurons plus ce qui fait qu’un vin est français ou étranger. Et qui s’en inquiète ? Pourquoi devrions-nous nous en inquiéter d’ailleurs ?
Bref, maintenant c’est à vous de réfléchir, de méditer, que recherchez-vous dans le vin ?, et comment à votre niveau participez-vous ou luttez-vous contre cette propagande ? Mon but n’est pas de vous dire que vous avez tort ou raison, mais plutôt de vous dire, si vous faites ce en quoi vous croyez et bien soit, mais assumez-le consciemment quelque soit le sens dans lequel vous allez !
Essayons de ne pas nous oublier !