Nos doubles visages !

A quand un monde idéal, où chacun ne jouerait pas le rôle qui l’arrange, au moment où ça l’arrange…

Mais de quoi parle-t-elle ? J’y viens…

Disons que j’ai constaté que professionnel, vigneron ou consommateur, nous avons tous plus ou moins, deux visages suivants le rôle que nous tenons… Vendeur ou acheteur…

Quand le vigneron reçoit un client au caveau, il met son costume de commercial et même s’il est très charmant (limite je vous jette un sort, pour vous envouter !), son but final est de vendre, de  vous vendre son vin…

Le client parfois curieux, motivé par une démarche de découverte, est là en toute humilité pour gouter (il crache le vin). Mais il arrive aussi, que tout en étant curieux ou non, le client se contente de profiter joyeusement de l’accueil, en consommant le vin comme dans un bar (il ne crache pas), ce qui a pour effet de contrarier le vigneron, qui se sent quelque peu pris pour un con…

Alors le vigneron, est confronté à la triste réalité du système, où l’on ne rencontre pas toujours notre client, celui qui partagerait nos valeurs et qui jouerait le jeu en respectant les règles de savoir-vivre minimum… Sans oublier le « A consommer avec modération, parce que je prends le volant » !

Maintenant qu’en est-il du vigneron lorsqu’il est le client, joue-t-il également le jeu ?  Quand est-il client me direz-vous ? Quand il est prospecté pour tous types de produits ou services… Et comme la majeure partie des professionnels en général, il est sollicité de toute part pour devenir le client de quelqu’un…

Pour avoir prospecté les vignerons, et pour parler régulièrement avec eux de leur activité, je constate qu’ils ne supportent pas d’être contactés par toute offre commerciale… Hors, que font-ils lorsqu’ils veulent faire connaître leurs vins à des distributeurs potentiels, ils prospectent !

Tout ça pour dire, notre société n’est-elle pas schizophrène ?

Prospecter, faire du commerce, cela semble toujours évident, parce que nécessaire pour vendre… Mais quand nous sommes la cible de nos propres procédés, utilisés par d’autres, qui ont les mêmes besoins de vendre que nous, cela nous insupporte de devoir trier et répondre à autrui…

Face à cette envie, de toujours vouloir bénéficier du pendant positif d’un outil, d’un système, sans jamais admettre que le « prix à payer » est d’être aussi la cible de cet outil, je pense que notre société dérive…

Quand je prospecte, j’attends une réponse, donc il est normal que je réponde quand je suis prospectée…

Quand je suis accueillie au caveau d’un vigneron, je suis là pour gouter et non pour me pochtronner à l’œil, donc je fais l’effort de cracher…

Le respect, la réciprocité, sont des principes bien peu effectifs de nos jours, on est toujours bienveillant pour trouver un client, on l’est rarement envers ceux qui nous voient comme leurs clients…

Autre situation d’actualité, la recherche d’un emploi… Quand vous êtes recruteurs, vous souhaitez être respecté, être considéré et que votre offre soit visible par votre cible, soit les profils correspondant à votre besoin, ce serait ainsi la meilleure façon de trouver votre candidat, mais quand le candidat postule, qui le respecte, qui le considère ? Il n’obtient pour ainsi dire jamais de réponse, et encore moins de réponse qui lui expliquerait pourquoi il n’était pas le bon profil… ici aussi on s’aperçoit que les choses ne marchent que dans un sens…

Globalement, peu importe quel client nous sommes, les réponses sont toujours les mêmes, on n’a pas le temps de lire, de trier et de répondre… Moi, je vous répondrai simplement, si vous, vous n’avez pas le temps de lire, de trier et de répondre, pourquoi pensez-vous qu’autrui le fera, quand ce sera vous qui serez en demande ?

Et je crois bien que nous en sommes là, parce que je ne sais pas si ça vous arrive de faire des demandes en tant que client auprès de services aussi diverses et variés que votre fournisseur d’accès internet, votre fournisseur d’électricité, votre assureur automobile ou de santé, mais combien de fois avons-nous l’impression de n’être même plus client !

Une fois sur deux les réponses ne répondent pas à nos demandes, et quand elles y répondent c’est avec une durée d’attente indéterminée et souvent une déception quand à la réponse obtenue…

Je trouve que les règles du jeu entre vendeur et acheteur ne tiennent pas souvent la route et qu’à tour de rôle nous pouvons nous sentir désorientés par ce monde où tout file à 3000 à l’heure, sans que nous ayons le temps de nous attarder pour vivre, se voir, voir l’autre et renouer avec certaines valeurs humaines nécessaires à tous bons échanges commerciaux entre deux parties qui jouent tantôt au marchand, tantôt au client !

Tout ce que j’ai dit là n’est pas spécifique au monde du vin, mais cette observation régulière me casse les pieds ! Parfois, on marche sur la tête, tellement les situations peuvent être grotesques et j’avais fortement envie de pousser un coup de gueule.

Bonne journée à tous !

 

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M
Bonjour Emilie,<br /> <br /> très bien vu, ce billet d'humeur : la bonne éducation -ou l'harmonie en société- voudrait que l'on sache toujours s'imaginer à la place de l'autre.<br /> <br /> Malheureusement, même en faisant attention aux autres, on oublie ces règles de base.<br /> <br /> Il suffit de se souvenir la dernière fois qu'en tant que piéton, on a maudit un automobiliste qui vous fonçait dessus en tournant vite à droite avant que le feu ne passe au rouge; puis la dernière<br /> fois qu'au volant, on ne s'est pas arrêté pour laisser passer un piéton...<br /> <br /> Bonne journée !
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