Vin célèbre, est-ce un gage de plaisir ?

Suite à l'invitation d’une Maison Champenoise célèbre pour découvrir son domaine et ses vins., voici une partie de ma réflexion après une journée « vu de l’intérieur » …

 

Si une « grande » Maison de Champagne n’avait pas sa renommée, sur quoi pourrait-elle se reposer ?

Malheureusement, peut être pas sur la « qualité » de ses vins…

Non pas, parce que les vins sont mauvais, loin de là même, mais simplement parce que leurs vins ne provoquent pas forcément l’émotion, la surprise, l’originalité, que l’on pourrait en attendre.

 

Après une longue visite et de longs discours, j’ai eu l’occasion de participer à une dégustation, où étaient présentés 2 de leurs vins clairs 2009 (millésimé 2009 et brut 1er), c'est-à-dire le vin sans bulle avant la prise de mousse en bouteille ; et j’ai été cruellement déçue, principalement parce que je n'ai pas trouvé leurs vins en adéquation avec les propos tenus.

Précédemment, notre hôte avait légèrement appuyé sur le fait qu’en Champagne, on avait oublié qu’il fallait d’abord vinifier et élever « correctement » un vin tranquille pour réaliser un Champagne de « qualité » et non attendre que la « qualité » se manifeste ou se révèle, lors de la seconde fermentation en bouteille. Hors, que ce soit sur les vins clairs, ou sur leurs Champagnes, je n’y ai pas trouvé mon compte.

D’autre part, j’avais en mémoire, ma participation à la dégustation de l’association Terre & Vins de Champagne, qui s’était déroulée en Avril à Ay, et les vignerons nous avaient présenté leurs vins clairs et leurs Champagne ; et là pour le coup, j’avais vraiment découvert de beaux vins tranquilles qui laissaient entrevoir leur potentiel en « version bulles ».

Donc, il me semble normal d’être plus exigeant avec une maison prestigieuse, dont la marque est reconnue internationalement, et qui vend plus de 3 millions de bouteilles par an en moyenne, qu’avec le « petit » vigneron-artisan.

Malheureusement, étant plus exigeant, la déception n’en est que plus grande.

 

Tout ça pour dire... Si on déguste à l’aveugle une « cuvée de prestige », au milieu de Champagne méconnus, mais travaillés de « façon artisanale », pensez-vous pouvoir préférer la « cuvée de prestige » ? Et bien moi, je n’en suis pas sure du tout…Et c’est certainement ce constat qui me navre le plus. Ne serait-il pas normal que les vins les plus réputés et les plus chers soient les "meilleurs" ? Aujourd’hui, il paraît évident que ce n’est pas le cas. Quand cela était-il le cas ? Et quand cela a-t-il changé ? Je ne saurai le dire, mais cela m’embête quelque peu, que ces « grandes » maisons qui bénéficient d’un réel pouvoir de communication et d’influence, se reposent sur leur réputation, au lieu de prendre des risques pour retrouver une cohérence entre leur notoriété et la réelle signature produit.

En résumé, leurs vins peuvent être considérés de « qualité », sans aucun doute, puisqu’il n’y a aucun défaut, par contre, s’inscrivent-ils en nous comme une marque indélébile ? Non, en ce qui me concerne… Je préciserai du point de vue contenu, parce que ce qui nous marque, c’est d’avoir consommé une étiquette prestigieuse.

Alors ces « grandes » maisons, sont-elles conscientes et se satisfassent-elles d’être destinées aux buveurs d’étiquettes ?

Parce que si vous demandez aux « vrais » amateurs de vins, avec quel Champagne, ils se font le plus plaisir, vous vous apercevrez, qu’il s’agit plus souvent de Champagnes de vignerons-artisans que de Champagnes de marques prestigieuses.

 

Si je possédais une telle maison, j’aimerais être sure que ce qu’il y a dans la bouteille, vaut plus au regard du public, que mon nom, ma marque, soit l’étiquette…

Mais, c’est moi et c’est bien ce que je me demande, quelle est la volonté profonde, de ces maisons ? Ont-elles une démarche sincère ?

 

Souvent l’inconvénient des « grands » domaines historiques, c’est qu’ils n’ont pas gagné leurs galons sur le marché actuel, ils entretiennent ceux du passé…

A la fois, je comprends que l’on veuille conserver le travail et le mérite des anciens et d’un autre côté, si l’on souhaite être valorisé pour son travail d’aujourd’hui, n’est-il pas dommage d’emprunter cette identité passée, sans revendiquer la sienne et gagner sa reconnaissance grâce à ce que l’on est aujourd’hui.

 

Pensez-vous que ces maisons souhaitent connaître la réalité de leur image et de leur position ? Personnellement, j’en doute…

Sinon, pourquoi ne sont-elles pas plus transparentes et cohérentes, entre ce qu’elles véhiculent, les propos qu’elles tiennent et la réalité de leur situation…

Peut être un jour, pourrons-nous répondre à ces questions et pourrons-nous comprendre comment en arrive-t-on là et pourquoi…

 

J’aurai un tel trésor entre les mains, j’en ferai bien autre chose, mais la critique est facile, je ne porte pas le poids de l’histoire, ni la pression qui va de pair avec la notoriété d’un grand domaine, et encore moins la responsabilité de nombreux emplois…

 

Ma réflexion est née de cette visite en Champagne, mais elle aurait pu tout à fait découlé d’une visite à Bordeaux ou en Bourgogne…

 

Bonne journée

 

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C
Très pertinente réflexion.. vin célèbre ne veut pas dire meilleur vin...
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D
<br /> bonjour Emilie,<br /> questions pertinentes et applicables dans de nombreux domaines<br /> d'activités... Sur quoi repose le marketing et les noms prescripteurs en dehors d'une histoire, d'une légende et d'un glorieux passé... Bocuse indéboulonnage mérite t-il encore ses 3 macarons ? Si<br /> vous parlez de Bollinger, je serai déçu, c'est la seule "grande maison"qui siège dans ma cave, les autres étant les bons artisans du cru...;-)))<br /> Cordialement<br /> <br /> <br />
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