22 Octobre 2021
Suite au 1er chapitre, présentant la région viticole du Bordelais, voici ce qui fait la particularité de cette région, puisque rien n’est comparable ailleurs.
Voilà où cela se corse, par exemple, un vin dont l’étiquette sera : Appellation St Estèphe d’Origine Contrôlée (AOC Communale), est donc un cru classé de la sous-région Médoc, mais il manque une seconde information ; la propriété, soit le nom du Château, est-il classé et à quel un rang ?
Ainsi, une classification secondaire est appliquée sur les propriétés, situées sur les Crus (Communes).
Les Châteaux sont classés en crus (la parcelle du Château), il existe des : 1er Crus, des 2ème , 3ème , 4ème et 5ème Crus, des 1er Cru Supérieur, des 1er Grands Crus (A et B) et des Grands Crus, des Crus Exceptionnels, des Crus Bourgeois, des Bons Crus…
Autant vous dire que la lecture de ces crus est plus que compliquée, c’est cette partie de la classification qui est illisible. Cette indication figure bien sure sur l’étiquette, ainsi vous saurez, si le vin est classé ou non, par contre à savoir quelle qualité représente cette classification, je regrette, mais je ne sais pas.
On pourrait croire qu’un Grand cru est meilleur qu’un 1er Cru ou qu’un 5ème Cru classé, malheureusement la règle n’est pas la même pour chaque sous-région aussi, comment pourrions-nous comparer des vins dont la réglementation diffère.
L’expérience nous démontre également que nous pouvons trouver notre bonheur aussi bien sur des crus classés que non-classés.
Je ne sais pas comment est établie cette classification, ni sur quelles bases.
Je rappelle que seul, le Château est classé en cru et non une zone géographique précise comme en Bourgogne ou en Alsace, où nous avons également des Grands Crus.
Dans le cas de deux châteaux voisins, on peut imaginer que leur terroir est le même et qu’il justifie la même classification, et bien non, l’un sera 1er Cru Classé et l’autre 4ème, pourquoi on ne sait pas. Le propriétaire lui-même ne sait pas. D’où les discordes et les demandes de réorganiser la classification des vins de Bordeaux.
Par exemple, avant qu'LVMH reprenne Yquem...
Le Château de Fargues était le second vin du Château Yquem, les parcelles de Fargues sont mitoyennes à celles d’Yquem, et bien le Château d’Yquem est classé 1er Cru supérieur et pas le Château de Fargues, alors que ces parcelles sont côte à côte et qu’elles étaient cultivées de la même manière, ainsi que les vins étaient vinifiés et élevés dans le même état d’esprit.
Lorsque l’on sait ce genre de choses, on se pose beaucoup de questions.
Les Vins d’Yquem sont hors de prix et pas ceux du Château de Fargues (toujours propriété des Lur Saluces).
Si vous êtes amateur de vins moelleux et plus encore d’Yquem, essayez le Château de Fargues, vous aurez des surprises.
Tout le problème serait peut être là, la classification aurait été faite sur la « qualité » renommée des vins et non sur un terroir.
Sinon, comment expliquer que des châteaux situés sur les mêmes sols, avec la même exposition, les mêmes cépages, et les mêmes obligations de culture de la vigne, soient classés différemment.
Et pourquoi n’y aurait-il que des Grands Crus à St Emilion. Serait-ce le meilleur terroir ?
Après tout Pétrus n’est pas classé, il ne faut pas l’oublier… Pourquoi un des vins les plus célèbres du monde pour sa « qualité », n’est-il pas classé ?
Un des handicapes de cette classification, c’est qu’un propriétaire de plusieurs châteaux ne peut les revendiquer sous un même nom de domaine comme dans les autres régions.
Il y a le cas d’Yquem et du Château de Fargues que je vous ai présenté, mais il y a aussi celui du Clos du Marquis, qui est le second vin de Léoville Las Cases, ou celui du Pavillon rouge, qui est le second vin du Château Margaux et ainsi de suite…
Ainsi, sans connaissances approfondies des vins de cette région, il n’est pas toujours évident de s’y retrouver et de passer outre nos aprioris…
L’addition des ces constats, démontre un manque réel de clarté, et de transparence…
Ces doutes ne valorisent pas les vins de Bordeaux, dont le négoce fait la pluie et le beau temps.
C’est ce qui fait qu’en tant que sommelière, je me dois d’apporter des réponses aux consommateurs, mais c’est bien la seule région de France dont je manque de réponses et de compréhension. Tout me dépasse…
Et oui Bordeaux est à part, c’est une grosse machine, dont ne sait ce qui pourra l’arrêter.
PS : Je tiens à m’excuser auprès des Bordelais qui ne se sentent pas concernés par mes propos incisifs, je sais bien que tout n’est pas noir ou blanc, mon opinion est une impression générale, dont on sait qu’il y a des exceptions.