Qu’est ce qu’un vin de terroir ?

Qu’est ce qu’un vin de terroir ?

Commençons par définir le « terroir » :

L’étymologie du mot « terroir » vient du mot « terre »

1. Terre considérée sous l’angle de la production agricole caractéristique ; terre fertile.

2. Ensemble du sol et climat correspondant à un vignoble délimité, donnant un caractère spécifique au vin qu’il produit.

 

Quelle est son origine ?

L’INAO (Institut National des Appellations d’Origine), créé en 1936, instaura la notion de terroir en cohérence avec la détermination du cahier des charges des appellations.

Nous utilisons également les termes de « climat » ou « lieu-dit » pour parler des parcelles délimitées, spécifiques à un terroir.

 

La définition de terroir établit que ce dernier est lié à un sol (géologie), et à un climat dans une zone géographique délimitée. Ces éléments créent la particularité, l’unicité, la typicité du lieu, où le raisin est cultivé, et par voie de conséquence, au vin produit.

 

La notion de terroir permet d’honorer l’individualité, la personnalité du produit, né du terroir. D'après la définition, on peut considérer que tout vin issu d'un terroir est un vin de terroir, et sous cet angle, tous les vins AOC sont des vins de terroir. 

Mais souvent lorsque nous entendons "vin de terroir", nous y associons la notion de goût et de qualité... Pour la notion de qualité je vous renverrai à l'article : "Comment détermine-t-on la qualité d'un vin ?"

Pour la notion de goût, je dirai qu'il est très difficle d'identifier un vin de terroir gustativement pour deux raisons :

- la première raison est qu'il n'existe pas de définition de l'expression gustative de chaque terroir.

Aussi si cette expression n'est pas définie, comment gouter un vin et juger qu'il reflète ou non l'expression de son terroir.

- la seconde raison implique notre subjectivité personnelle ; il nous arrive entre professionnels d'être en désaccord sur les vins qui sont ou non typiques de leur appellation et donc certains considèrent qu'ils expriment leur terroir et d'autres pas... Quand les professionnels ne peuvent être unanimes sur cette notion, comment les amateurs pourraient-ils l'être ?

Ainsi on constate bien qu'il n'est pas possible de définir les vins de terroir sous l'angle gustatif, parce que dans ce cas, cette notion est subjective et non définie dans un cadre précis et reconnu officiellement.

 

Lorsqu’un vigneron présente son vin en le qualifiant de « vin de terroir », cela impressionne souvent le consommateur, mais que comprend-il vraiment, que pense-t-il à l'entente de ces mots ? Puisqu'il n'y a aucun doute que les vins français soient des vins issus de terroirs géographiques, mais les questions de goût et de qualité restent entières....

En conséquence, le seul moyen de se faire une idée du vin est de le gouter et de définir soi-même, en fonction de son expérience, si ce vin nous fait penser à un vin de terroir, et si nous le considérons suffisamment "bon" pour le juger de qualité.

Normalement, un vin de terroir tout comme le terroir, est unique, particulier, à la fois typique et spécifique de son terroir. Je trouve que ces vins sont rares, parce que plus un vin est empreint d’une personnalité propre, plus il prend le risque d’être adoré ou détesté. Prendre ce risque, n'est pas à la portée de tous les vignerons.

 

Aujourd’hui la tendance est plutôt, à la standardisation des vins, soit l'opposé du vin de terroir. On essaye davantage de faire de la régularité de moyenne qualité, que d’avoir des  très bons et des moins bons millésimes.  Ainsi chaque année, on essaye et on arrive à faire le même vin que l'année précédente. La notion de terroir et de millésime n'a aucun sens avec les vins standardisés/technologiques.

La standardisation justifie le lissage des vins, c'est-à-dire que l’on gomme le maximum de particularités, afin de minimiser le risque de déplaire. Ce sont certaines méthodes œnologiques, qui permettent de modifier la nature originelle du vin. La qualité trop expressive et particulière, devient défaut aux yeux de celui qui veut plaire. On ne peut laisser le vin « être », parce qu’il doit plaire au plus grand nombre.

« Être » c’est partager, le consommateur choisit d’adhérer ou non, alors que « paraître, plaire, séduire », pour s’enrichir personnellement, sans rien offrir en retour, est le reflet de la société de consommation actuelle.

 

Aussi l’argument « terroir », dans la vente, est très flatteur pour le vin, il éveille souvent positivement la curiosité du consommateur. Mais le consommateur est-il dupe ? Parfois oui, et je l’espère parfois non !

 

Je vous encourage à éduquer votre palais, pour ne pas être dépendant de ces discours commerciaux, qui n’ont que pour but de vendre, sous n’importe quel prétexte.
Votre ignorance et votre manque de sens critique, font de vous, les cibles parfaites des producteurs et vendeurs de vins industriels et formatés.

En consommant, ces produits conçus de A à Z pour les néophytes, vous participez à la destruction de la diversité des vins produits par des artisans viticulteurs, au profit des lobbies du vin.

 

Bonne journée

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G
Conclusion sur la responsabilité du consommateur pertinence!<br /> Je pense personnellement que la notion de terroir est totalement usurpée car comment un vin peut-il être le produit d'un terroir alors qu'il est issu dans l'écrasante majorité des cas de vignes clônées non issues d'une sélection massale (qui ferait intervenir la sélection naturelle, principe fondateur de la nature, et qu'il est le résultat de la transformation des sucres en alcool par l'action de levures issues des laboratoires pharmaceutiques et non pas de levures indigènes, entendez des levures naturellement issues dudit terroir... L'impact des levures dans l'élaboration du vin est massif et incontournable pour qui prétend produire un vin de terroir... Tchin!
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E
Bonjour Guillaume, pour ce qui est de la sélection des cépages, ils découlent de leurs zones géographiques historiques pour les plus vieilles appellations, donc l'INAO a privilégié et respecté les cépages existant naturellement, à leur origine historique. Ensuite ce qu'elle a fait et cela est discutable, c'est qu'elle a privilégié les cépages jugés les plus qualitatifs, voire productifs au détriments d'autres cépages dits rustiques qui ont été parfois totalement éliminés de leurs zones géographiques initiales. Cependant certains vignerons ont conservé ou replanté des cépages rustiques complémentaires aux cépages réglementés pour constituer des cuvées plus identitaires de leur terroir. Donc oui les cépages peuvent être remis en question sur la notion de terroir, mis avec relativité. Pour ce qui est des levures indigènes, je partage votre avis et de nombreux vignerons également, certes cela demande de questionner et de connaître les vignerons et leurs vins pour choisir ces vins, mais ils existent et c'est possible. <br /> Je vous invite à consulter le Dossier "le terroir et/ou notion et qualité" qui devrait aller dans votre sens.<br /> http://www.labivin.net/pages/Dossier_Le_Terroir_etou_Notion_de_Qualite-8666362.html<br /> Bien à vous Emilie
S
Bonjour,<br /> Consommer(comprendre?) le vin peut s'apparenter à "pénétrer" en la musique, la poésie ...<br /> "Et j'ai bu quelquefois ce que l'homme a cru boire !" mes excuses à Rimbaud et ..; aux crûs !<br /> Le "profane" s'avère proie facile pour ceux dépourvus de scrupules !<br /> Hé bien, rebondissons sur le "caillou dans la chaussure" et venons en au terroir ...<br /> par quelques exemples ...<br /> je revois les vignes en terrasses du côté de Banyuls ou Collioure ... les vignerons ont façonné le paysage, adopté et adapté le relief ... les cépages sont choisis ... pas de façon figée ... le mourvèdre modifie la partition etc ...<br /> ces vins sont marqués et, me semble-t-il, ne cherchent pas à "jouer les - - - -" (j'évite les polémiques ...) je les perçois comme liés à ceux les produisant !<br /> De même la façon dont s'organise le terroir de Lanzarote me sidère ! Ces protections en hémicycles pour abriter la vigne des vents chauds ! Là encore, l'humain vigneron s'affirme !<br /> En quittant ces exemples quasi caricaturaux (je plaisante) je tiens à rendre hommage à tous ces vignerons qui ne s'adonnent pas au "plagiat" et refusent de sacrifier, malgré ce qu'il peut en coûter, au formatage du gout ...<br /> Allez, un clin d’œil complice, à quelques vignerons du Frontonnais perpétuant et mettant à l'honneur le cépage Négrette !<br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> Serge SCIBOR
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R
La folle noire d'ambat
A
<br /> Il ne faut pas oublier que dans la notion de terroir il ya aussi le facteur humain qui rentre en jeu. Le travail du vignerons est très important, et rentre dans la définition du terroir.<br /> Une Elève de l'université de Dijon en Du pratique de la dégustation par la connaissance des terroirs.<br /> <br /> <br />
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