10 Mars 2010
Hier, je suis allée à une dégustation, dont le thème était les Grands Crus d’Alsace et j’y ai fait une grande découverte.
J’ai gouté un Grand Cru -Altenberg de Bergheim- 2006, du Domaine Marcel Deiss. Ce vin possède du moelleux, il n’est pas sec. On m’a expliqué que la parcelle dont étaient issus les raisins, était particulièrement favorable au développement du Botrytis Cinéréa, d’où cette sucrosité, que l’on considère caractéristique du terroir.
Mais la découverte ne vient pas du fait qu’il était moelleux, mais, qu’il n’était pas issu d’un seul cépage, comme cela devait être.
Forcément, j’ai posé la question, pourquoi ? Et c’est ainsi que j’ai appris que depuis 2005, l’utilisation de tous les cépages alsaciens était autorisée uniquement sur cette appellation Grand Cru.
Voici l’extrait du cahier des charges qui confirme l’information :
« II. - Les vins à appellation d’origine contrôlée « Alsace grand cru suivie du nom de lieu-dit » Altenberg de Bergheim, proviennent :
1° D’un seul des cépages suivants : gewurztraminer Rs, pinot gris G, riesling B,
ou
2° Des cépages suivants :
- riesling B, dans une proportion comprise entre 50 et 70 % de l’encépagement ;
- pinot gris G, dans une proportion comprise entre 10 et 25 % de l’encépagement ;
- gewurztraminer Rs, dans une proportion comprise entre 10 et 25 % de l’encépagement ;
- pinot blanc B, pinot noir N, muscat ottonel B, muscat à petits grains B, muscat à petits grains Rs et chasselas B. La proportion de l’ensemble de ces cépages ne peut être supérieure à 10 % de l’encépagement.
Les raisins des cépages pinot blanc B, pinot noir N, muscat ottonel B, muscat à petits grains B, muscat à petits grains Rs et chasselas B ne peuvent entrer dans la composition de l’assemblage, que s’ils proviennent de vignes plantées avant le 26 mars 2005. »
La règle générale alsacienne, en résumé, est que nous ne trouvons dans cette région, que des appellations mono-cépage, sauf pour l’AOC Edelzwicker, qui est « le seul vin d’assemblages ». Désormais nous pouvons considérer, qu’ils sont deux. (Enfin 3, voir commentaires en bas de page)
Cependant, je tiens à crier haut et fort que la notion d’assemblages ne doit en aucun cas venir dévaloriser le travail effectué par le vigneron, dans ce cas précis.
Parce que Marcel Deiss privilégie l’expression du terroir et que son Grand Cru n’est pas un vin d’assemblages, plus justement, c’est un vin issu de co-plantations. C'est-à-dire que sur une même parcelle, il a planté différents cépages alsaciens.
Les cépages sont les vecteurs du terroir et non l’inverse. L’ensemble est mis en œuvre pour l’expression, pour l’originalité, pour la particularité spécifique au terroir.
Les cépages sont vinifiés ensemble et non séparément pour les assembler par la suite. Le mot assemblage englobe de nombreuses possibilités, qui ne sont pas toujours au service du terroir et du vin, c'est pourquoi il faut nuancer et préciser les propos, lorsqu'on parle d'assemblages.
Je souhaitais insister sur ce point, en tant que défenderesse des vins de terroir, parce que je ne voudrais surtout pas que vous vous imaginiez que sur un Grand Cru, il s’amuse à doser un peu de ceci, et un peu de cela, pour réaliser son vin et que chaque année, « la recette change ».
Cette information vient compléter l’article sur la région viticole alsacienne.
Voir les articles : Qu'est ce qu'un vin "Grand cru" ?
Et l'AOC protège-telle et respecte-t-elle l'expression du terroir ?
Bonne journée