La viticulture biologique et biodynamique en Suisse

La viticulture biologique et biodynamique en Suisse

Des pratiques à adapter à des terroirs très variés

En Suisse, environ 8% des vignes sont cultivées en bio. Dans les vignobles voisins italiens et français la part des surfaces cultivées selon ces pratiques agricoles est de plus de 10%. Mais ce léger "retard" ne saurait entacher la réputation tenace des helvètes concernant leur ponctualité. En effet, le développement du biologique, biodynamique et de la production intégrée ne cesse de faire des adeptes chez les vignerons et les amateurs de vin.

La viticulture biologique en Suisse est représentée par deux labels :

- Le Bio-Bourgeon est obtenu par les domaines viticoles suivant un cahier des charges strict, avec des pratiques à mettre en place à la vigne comme à la cave.

- Le Label Demeter distingue les domaines viticoles en biodynamie.

La viticulture biologique et biodynamique en Suisse

Ces labels s'appliquent à la fois aux produits viticoles et aux autres productions agricoles. De ce fait, les consommateurs sont habitués à les voir et les reconnaître. La confiance qui s'établit entre le vigneron respectueux de l'environnement et le consommateur s'en trouve améliorée par ces labels.

Derrière ces petits logos, se cachent des cahiers des charges très stricts. Que ce soit pour le label Bio ou le label Demeter en biodynamie, un ensemble de pratiques, d'aménagement de la vigne, de produits en cave sont autorisés, ou interdits, selon leur utilité et leur impact sur l'environnement et sur le vin.

Cependant, les conditions climatiques, les sols, et les méthodes de travail des vignerons sont extrêmement variées selon les régions suisses. En Valais, principale région viticole du pays, les pluies sont rares, les sols secs, escarpés, les vignes profitent d'un ensoleillement abondant. Alors qu'au Tessin, qui est une autre région éloignée de quelques dizaines de kilomètres à vol d'oiseau, le climat est plutôt méditerranéen mais les pluies abondantes, les cépages très différents, et on retrouve des vignes en plaine, souvent plantées en pergolas.

Ces différences marquées font qu'une pratique recommandée par un label, parfaitement adaptable à une région, sera plus difficile à mettre en place ailleurs. L'humidité du Tessin favorise le développement des fameux champignons oïdium et mildiou, qu'il est possible de traiter sans produits pénétrant dans la vigne mais avec beaucoup plus de travail et de risques. La relative sécheresse du Valais protège ses cépages variés de ces fléaux, il est donc plus aisé de se passer des produits phytosanitaires les concernant.

La viticulture biologique et biodynamique en Suisse

Si l'on continue sur l'exemple de ces deux régions, on peux trouver une pratique plus facile à adapater cette fois au Tessin plutôt qu'en Valais : L'enherbement des parcelles de vigne. Cette pratique est très favorable au respect de la biodiversité des sols et de la faune. Les herbes contribuent à entretenir la richesse des sols en nutriments, en azote, eux-mêmes utilisés et transformés par les nombreux organismes qui peuples les terres cultivables. Mais cette herbe concurrence parfois la vigne sur un point crucial : l'eau.

Les précipitations sont très faibles en Valais, c'est d'ailleurs une des régions les plus ensoleillées d'Europe. L'arrosage des vignes est autorisé dans certains conditions, et des canalisations, appelées "bisses", existant depuis des siècles, amènent de l'eau des glaciers alpins vers les parcelles de vignes. Difficile pour les vignerons valaisans, dans ces conditions, de laisser les herbes hautes puiser cette précieuse eau. Ce sera nettement moins contraignant pour les vignerons tessinois dont la quantité de précipitations est largement suffisante.

Attention toutefois, avec ingéniosité, patience et persévérance la vigne et le vigneron s'adaptent à leur terroir, et peuvent adapter leurs méthodes pour tendre vers le bio. En Valais par exemple, le jeune vigneron Clément Magliocco laisse allègrement pousser des herbes variées entre ses rangs de Johannisberg.

La viticulture biologique et biodynamique en Suisse

Cet équilibre à trouver pour tirer le meilleur de chaque pratique imposée par les labels sans pour autant s'éloigner des réalités concrètes du terrain est difficile à trouver, et explique en partie le temps qui est nécessaire pour que toute la viticulture conventionnelle se tourne vers des pratiques biologiques ou biodynamiques, respectueuses des sols, de la faune, de la flore, des vignerons et des consommateurs.

Et il serait difficile de faire des dérogations à certains principes fondamentaux des ces viticultures, pour faciliter le travail dans telle ou telle région, sans casser la confiance qu'ont les consommateurs en ces labels.

Dans le prochain article, vous seront présentés les cépages suisses. Bonne journée !

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