4 Avril 2020
La presse aurait tendance à dire que les consommateurs recherchent des vins de plus en plus ronds avec une forte sucrosité. Personnellement, je dirai plutôt que c’est l’offre qui propose de plus en plus de vins possédant ces caractéristiques, créant ainsi la demande.
Toujours est-il que face à ce marché, la Commission européenne étudie la possibilité de modifier les autorisations actuelles de l’édulcoration des vins.
Pour le moment, cette pratique pouvait s’effectuer uniquement sur les vins de table, vins de pays compris, à hauteur d’une augmentation maximale du taux alcoolique volumique (TAV) de 2%.
Prochainement, le TAV pourrait être augmenté de 4% au lieu de 2%, sur cette même catégorie de vins.
Aujourd’hui la pratique la plus courante pour édulcorer le vin, est l’utilisation de moûts de raisins concentrés rectifiés, qui sont obtenus à partir de jus de raisins, dont on a éliminé tous les composés autres que le sucre.
D’autre part, en dehors de l’utilisation de moûts de raisins concentrés, non rectifiés, aucun autre procédé n’est autorisé actuellement dans la règlementation.
La seconde réflexion de la Commission Européenne concerne l’autorisation de l’édulcoration pour les vins AOC.
Je ne sais pas si le TAV correspondrait aux mêmes limites que pour les vins de table. Par contre, ils auraient l’obligation que les moûts concentrés, destinés à l’édulcoration, proviennent exclusivement de la même région viticole que celle du vin AOC.
Je suis un peu déçue par cette nouvelle. Sans cette possibilité les vignerons bénéficiaient déjà de nombreuses techniques œnologiques, pour lisser les vins.
Cette nouvelle option fait apparaître des perspectives bien inquiétantes à mon avis, pour l’avenir du vin français.
La raison de ces futures modifications est toujours la même, autoriser en France ce qui l’est déjà dans les pays du nouveau monde. Une manière, soi-disant, d’être plus compétitif, en abaissant notre qualité.
Je dis depuis longtemps, que les vins technologiques/standardisés, sont faits pour des goûts d’enfants. Une matière très charnue, aux arômes cuits, compotés, des tanins très très ronds, voire tellement fondus, qu’ils semblent inexistants, une sucrosité trop présente en bouche… Autant d’éléments qui permettent aux consommateurs de ne pas être bousculés, par le produit consommé. Ces vins flatteurs séduisent le palais des néophytes. Ces vins ne possèdent pas ou plus de structures, de caractères trop affirmés, qui pourraient venir les contrarier, lors de la dégustation.
Tout est fait pour plaire et nous sommes donc bien dans le paraître.
La qualité du vin est de plus en plus assimilée à ce type de produit, et c’est certainement ce qui tue « l’authentique vin » dans notre pays.
Pour peu que les consommateurs s’intéressent à cette question, quelle communication est mise en place ? Qu’est ce qui doit être règlementaire ou non sur l’étiquette ?
Pourquoi pas produire tous types de vins, pour tous types de clients, mais sans éducation, sans compréhension, sans transparence, auprès du consommateur, comment pourrait-il avoir le choix ?
La Commission Européenne peut bien modifier la réglementation du vin français, j’espère que ces nouvelles pratiques ne feront pas l’unanimité au sein des vignerons. Une autorisation n’est pas une obligation. Par conséquent, ils ont le choix de rester fidèle ou non à l’excellence, à l’union de la tradition et de la modernité, au respect du vin, en tant « qu’individu unique » né de la Terre, avant de naître des mains de l’homme.
Bonne journée
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